32 Échec-Préservation-Vénération
- Jessica-Sophie Lessard
- 26 mars
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 15 avr.
Le clé 32 explore le chemin qui mène de l'échec à la vénération, en passant par la préservation.
Son archétype est le gardien. Il a un discernement instinctif et une révérence pour les ancêtres. Il nous montre comment laisser terre mère nous enseigner à vivre en harmonie avec ses cycles naturels.
Il peut être victime de sa propre idée du succès.
Que représente la peur de l'échec pour moi?
Pour moi, c'est la peur d'être rejetée socialement, de ne pas survivre, d'être oubliée, de disparaître. On vit dans un monde matérialiste, alors pour moi de ne pas posséder de maison, de REER, de belle voiture ou de beaux vêtements fait vibrer cette corde sensible. Ultimement, c'est la peur d'être rejetée par la collectivité. Par contre, j'ai eu la chance assez tôt dans ma vie de confronter cette peur.
Lorsque j'avais la jeune vingtaine, je rêvais d'être psychologue, d'avoir une maison, de voyager. Je voulais peindre mes murs de la même couleur neutre que ce que je voyais dans les revues. Je rêvais d'une vie préprogrammée qui m'aurait fait sentir que j'avais réussi ma vie. Je venais d'entamer mes études en psychologie lorsque je suis tombée enceinte. C'est venu bouleverser mes plans de carrière, mais surtout ça m'a fait prendre conscience que ce que je désirais encore plus qu'une carrière, c'était d'être vraiment présente pour mon fils. Et les hautes études étaient bien trop exigeantes avec les capacités que j'avais pour maintenir le rythme. J'avais aussi acheté une maison avec ma soeur.
Dans la même année (maison, université et bébé), nous avons gagné un concours ma soeur et moi. Nous avions gagné le prix en argent de la valeur de notre hypothèque.
Tout ça mis ensemble a fait s'effondrer tous mes ''rêves''. Tout ça a mis en lumière que ces rêves n'étaient pas les miens. Maintenant que c'était possible, j'ai réalisé que je me foutais royalement d'avoir une belle maison ou non, tant que j'avais un toit. Je n'avais même plus envie de changer mon vieux frigo jaune maintenant que j'en avais les moyens. Je voulais juste être comme tout le monde, être acceptée. Être normale. Et juste l'idée d'avoir tout ça m'a fait comprendre que ce n'était pas ce que je voulais vraiment. Le bonheur n'était pas là.
Dans ma toile, les vers de terre nous montrent comment transcender cette peur de l'échec en développant le cadeau de la préservation.
Les vers mangent le carton et les déchets végétaux. Ils rejettent ensuite un compost riche qui fera pousser à nouveaux des légumes sains. N'est-ce pas génial? J'ai fait du vermicompostage et je trouve ça absolument fabuleux de voir comment ça fonctionne.
Il joue un rôle essentiel dans l'écosystème en fertilisant la terre, mais il est souvent méprisé. Il nous questionne: qu'est-ce que le véritable succès? Est-ce d'être utile, de contribuer à l'harmonie du tout, ou est-ce de ''flasher''? Ceci mène au cadeau de la préservation.
Qu'est-ce qui importe vraiment? Les biens vont et viennent. Les empires apparaissent et disparaissent. Ce qui reste à travers les époques, ce sont les valeurs humaines telles que l'amour, la bienveillance, la bonté, l'intégrité, la simplicité, le respect... Cette question me ramène à l'essentiel, à la simplicité de la vie. Que veut-on laisser aux générations futures? Que nous ont légué nos ancêtres qu'on désire transmettre à notre tour?
Quand je pense à l'archétype du gardien, je pense aux gardiens de la terre, à ceux qui enseignent le lien à terre-mère, qui respectent la nature et qui préservent les espaces naturels. Tout ceci devrait primer sur les profits temporaires liés à l'exploitation. J'aimerais mieux passer une vie à planter des arbres et des jardins que d'exploiter des ressources qui me rendraient millionnaire. Pourquoi vivre dans une immense maison qui demande plus de ressources, mais qui n'apporte pas le bonheur simple des moments de connexion?
Que voudrais-je préserver? Dans quoi est-ce que je veux investir mon énergie et mon temps?
Dans la toile, le caribou enseigne dans quoi investir son énergie.
Il évolue dans des environnements rudes comme la toundra où il doit préserver son énergie et s'adapter aux saisons. Il peut migrer sur de longues distances et trouver des ressources limitées. Il ne gaspille pas. Ils suivent des routes de migrations ancestrales. En ce sens, ils préservent un savoir collectif transmis de génération en génération. Ils sont un symbole d'abondance et de durabilité dans de nombreuses traditions autochtones. Les peuples qui en dépendent utilisent chacune des parties de l'animal chassé. Il nous invite à honorer notre propre capacité à préserver ce qui est essentiel (énergie, traditions, relations avec le monde vivant).
Il nous enseigne l'intelligence instinctive de ce qui doit être conservé et transmis.
Nos ancêtres étaient connectés à terre mère. Ils nous ont légué l'amour pour elle, même si nous l'avons perdu de vue collectivement. Ce qui est vrai et naturel revient toujours. Chasser le naturel et il revient au galop. C'est pour ça que ça me sécurise. Je sais que peu importe ce qu'on vit et ce qu'on a créé collectivement durant le dernier millénaire, la nature va reprendre ses droits. Et nous sommes la nature. Même si on s'en est coupé, qu'on s'est coupé d'une partie de nous-mêmes, elle va toujours refaire surface.
Finalement, qu'est-ce que la vénération?
Pour moi, c'est un respect absolu mêlé d'admiration envers le sacré. C'est une forme d'amour inconditionnel qui reconnaît la divinité en toute chose, sans séparation entre le profane et le sacré. C'est un respect profond envers nos ancêtres qui nous ont légué leur héritage spirituel. C'est une dévotion mystique envers la nature et les forces universelles. C'est de reconnaître que ce qui doit durer dure, et ce qui doit disparaître disparaît, en parfaite harmonie avec l'ordre cosmique.
Dans la toile, c'est le vautour qui symbolise le Siddhi de la vénération.
Il se nourrit de carcasses. Il ne tue pas, mais se nourrit de ce qui est déjà mort en le recyclant. Il purifie la terre de cette façon (ce qui fait un clin d'oeil au ver de terre). Il symbolise le fait de reconnaître le caractère sacré de toute existence. Il transforme la mort en vie comme la vénération transforme la souffrance en pure conscience.
Il plane haut dans le ciel. Il voit le passé, le présent et le futur d'un regard détaché, avec la perspective de l'Esprit. Il ne possède rien, ne stocke rien, ne revendique rien. Il prend ce qui est offert par la vie et le remet au grand ordre cosmique. Il représente l'ultime abandon à la volonté divine. C'est un mystique du ciel.
La vénération, c'est un état de totale acceptation du destin. On ne cherche plus à contrôler ou à préserver quoi que ce soit, mais on honore profondément le jeu de la vie et de la mort. C'est voir le sacré dans l'évolution et l'involution: rien ne se perd, rien ne se créer, tout se transforme. À ce niveau, il n'y a plus de peur de l'échec, ni aucun besoin de préserver. Il ne reste qu'une profonde révérence pour le mystère divin qui orchestre tout avec une perfection absolue.
Celui qui craint l'échec s'attache à ce qui est éphémère. Celui qui préserve honore ce qui a du sens. Celui qui vénère sait que tout est déjà en parfait équilibre, entre ce qui doit durer et ce qui doit disparaître.
Avec amour,







Commentaires